L’homocystéine et le cycle de la méthylation : impact sur la santé

VERSION SIMPLIFIÉE 

(Version optimisée prochain chapitre pour lecteurs souhaitant explorer des détails plus techniques de la Methylation sur la santé).

La methylation est comme un interrupteur chimique qui aide notre corps à fonctionner correctement. Elle intervient dans de nombreux processus essentiels en ajoutant un “petit groupe chimique” (appelé groupement méthyl, -CH₃) à d’autres molécules pour les activer ou les désactiver.

Imaginez-la comme un outil polyvalent qui :

  1. Régule nos gènes : elle “allume ou éteint” certains gènes pour qu’ils s’expriment ou restent silencieux.
  2. Protège notre ADN : elle le répare et le stabilise.
  3. Fabrique des neurotransmetteurs : elle aide à produire des messagers du cerveau comme la sérotonine et la dopamine, essentiels pour notre humeur, notre sommeil et notre bien-être.
  4. Nettoie notre corps : elle participe à la détoxification des toxines dans le foie.
  5. Soutient les cellules : elle renforce les membranes cellulaires et produit des antioxydants comme le glutathion, qui protègent contre les dommages.
  6. Aide le cœur et le cerveau : elle protège les vaisseaux sanguins et prévient certaines maladies cardiovasculaires et neurodégénératives.

En résumé :

La méthylation est une sorte de “maintenance chimique” permanente dans notre corps. Si elle fonctionne bien, notre santé est équilibrée.

Mais si elle est perturbée (par exemple, par des carences en vitamines B9, B12, ou B6), cela peut entraîner des problèmes comme des maladies cardiovasculaires, des troubles neurologiques[1] ou même un vieillissement prématuré.

Les dosages :

En médecine fonctionnelle, nous proposons les dosages de l’homocystéine, les cofacteurs (vitamines) et enzyme MTHFR (En option). Ces dosages permettent d’apprécier votre taux d’homocystéine qui ne doit pas être supérieur à > 8 µmol/L.

VERSION OPTIMISÉE 

(Pour les lecteurs disposant de connaissances avancées, cette partie explore des aspects plus techniques de la methylation)

La methylation, processus biologique clé, est essentielle à notre santé.

Elle consiste à transférer un groupe méthyl (-CH3) d’une molécule à une autre, ce qui impacte l’ADN (Molécule composée de chromosome où est stockée l’information génétique et caractères héréditaires d’une cellule), les protéines, les lipides et bien d’autres mécanismes vitaux.

Cependant, un déséquilibre de ce cycle, souvent révélé par une hyperhomocystéinémie, peut conduire à de graves conséquences sur la santé.

Le cycle de la méthylation

Le cycle repose sur la méthionine, qui forme le S-adénosylméthionine (SAMe), principal donneur de groupes méthyl.

Après utilisation, elle se transforme en homocystéine, un composé potentiellement toxique s’il n’est pas recyclé en méthionine ou converti en cystéine.

Ce recyclage dépend de cofacteurs essentiels :

Vitamines B9, B12, B6 et B2, ainsi que d’une enzyme clé, la MTHFR.

Un déficit ou une mutation de la MTHFR peut bloquer ce cycle, augmentant les risques de maladies cardiovasculaires, neurodégénératives ou métaboliques. (Les polymorphismes de la MTHFR ont également été retrouvés comme facteur de risque modéré mais significatif de thrombophlébite cérébrale et de thrombose veineuse)[2]

Perturbateurs du cycle

Une hyperhomocystéinémie (taux > 8 µmol/L) signale un dysfonctionnement du cycle, associé à des risques accrus d’infarctus, AVC, HTA (hypertension artérielle) [3]troubles cognitifs et dépression.

Les causes incluent :

  • Carences nutritionnelles : folates (B9), méthylcobalamine (B12 active), riboflavine (B2), bétaïne.
  • Facteurs génétiques : mutations de la MTHFR (forme homozygote = activité réduite à 30 %). (Risque augmenté de cancer colorectaux[4])
  • Mode de vie : tabac, alcool, troubles de l’absorption intestinale, inflammation chronique.

Prévention et supplémentation

Une alimentation riche en vitamines du groupe B et bétaïne est cruciale :

  • B9 : légumes verts à feuilles, légumineuses.
  • B12 : foie, poissons, œufs.
  • B6 : céréales complètes, viandes blanches.
  • B2 : produits laitiers, œufs.
  • Bétaïne : betteraves, épinards.

En cas de mutation génétique ou de déficit, une supplémentation ciblée (folates méthylés, méthylcobalamine, zinc) peut optimiser la méthylation.

Un dosage régulier de l’homocystéine et des cofacteurs est conseillé pour prévenir les complications.

Impacts cliniques ; la méthylation intervient dans :

  • Santé cardiovasculaire : prévention des lésions vasculaires et du stress oxydatif.
  • Fonctions cérébrales : protection contre Alzheimer, régulation des neurotransmetteurs. NB : Lien entre hyperhomocystéinémie et la maladie de parkinson traité en L-Dopa, lien entre l’hyperhomocystéinémie avec la sclérose en Plaques SEP, lien entre le statut en vit B et la dépression.
  • Santé gynécologique : prévention des fausses couches et des anomalies fœtales (spina bifida)[5].
  • Cancers : rôle clé dans la régulation de gènes tels que BRCA1 et P53.
  • Détoxification : métabolisme hépatique et élimination des toxines. (Études : Un taux élevé d’homocystéine serait associé à la stéatose hépatique non alcoolique (NASH)[6]
  • Performance sportive: synthèse de la créatine, L-carnitine et CoQ10 pour l’énergie cellulaire. (Carburants métaboliques : Glucides, lipides, protéines issus de la digestion d’un repas ou de la dégradation des réserves internes comme le glycogène ; qui génèrent l’énergie cellulaire)
  • Le sommeil: Une enquête nationale a mis en évidence que la courte durée du sommeil était associée à des taux sériques plus élevés d’homocystéine chez les femmes, les personnes souffrant d’obésité[7].
  • L’apnée du sommeil: Dans cette méta-analyse, les taux plasmatiques d’homocystéine se sont avérés plus élevés chez les patients atteints d’apnée obstructive du sommeil que chez les sujets témoins[8]

Autres pathologies associées à un niveau d’homocystéine élevé HHCY :

Ostéoporose, insuffisance rénale terminale, la résistance à l’insuline (l’homocystéine perturbe la signalisation de l’insuline), l’anévrisme, l’hypothyroïdie, le cancer (Division rapide des cellules tumorales, favorise le carcinome hépatocellulaire), les troubles gastro-intestinaux (L’HHCY affecte négativement la vascularisation intestinale, ce qui entraîne une affection telle que la maladie inflammatoire de l’intestin caractérisée par une inflammation chronique du tractus gastro-intestinal) pour n’en citer que quelques-unes[9].

Conclusion

La méthylation est un pilier de notre santé globale, influencée par la nutrition, la génétique et le mode de vie.

Un suivi attentif, une biologie fonctionnelle avec divers marqueurs selon la clinique comme l’homocystéine (Voire MTHFR) et une approche micronutritionnelle adaptée permettent de prévenir les pathologies liées à un dysfonctionnement de ce cycle vital.

Laurence Fuhrmann Médecine fonctionnelle LYON et en Visio (tarif et rdv)

[1] Rima Obeid, Clin Chem Lab Med. 2007;45(12):1590-606 The Role of Hyperhomocysteinemia and B Vitamin deficiency in neurological and psychiatric diseases

[2] N Gaudré, D Sène 12/2018 Département médecine interne. Hyperhomocystéinémie : Facteur de risque de thrombose veineuse

[3] Yaya Goïta, PAN Afr Med J 2020 Jan 13;35:10 Analyse biochimique multi-paramétrique révélant une augmentation de l’homocystéinémie chez patients hypertendus à Bamako

[4] Imagne Baghad, Pan Afr Med 2021 Mar 18, 38 :287 Association du polymorphisme de la MTHFR avec le risque du cancer colorectal sporadique

[5] Chuce Dai, Biomed Res Int. 2021 may 6;2021:6652231. A novel review of Homocysteine and pregnancy complications

[6] Yanbiao Ai, Nutrients. 2017 Apr 1;9(4):346. Homocysteine Induces Hepatic Steatosis Involving ER Stress Response in High Methionine Diet-Fed Mice

 

[7] Tien-Yu Chen. J Clin Sleep Med. 2019 Jan 15;15(1):139–148 Short Sleep Duration Is Associated With Increased Serum Homocysteine: Insights From a National Survey

 

[8] Xun Niu. PLoS One. 2014 Apr 25;9(4):e95794. The Differences in Homocysteine Level between Obstructive Sleep Apnea Patients and Controls: A Meta-Analysis

 

[9] Avinash Kumar. Nutr Metab (Lond). 2017 Dec 22;14:78 The metabolism and significance of homocysteine in nutrition and health