LA FATIGUE SURRÉNALIENNE

Que faisiez-vous et comment vous sentiez-vous avant de tomber malade ? C’est une question que j’aime poser à mes patients en médecine fonctionnelle. Elle les aide à identifier les causes profondes de leurs symptômes, tels que la fatigue, l’irritabilité, l’anxiété et l’épuisement.

Le stress peut découler de diverses sources, qu’il soit lié à la vie quotidienne, un stress positif comme le lancement d’un projet ou l’arrivée d’un enfant, ou un stress négatif comme un deuil, un divorce, ou un traumatisme. Ce stress peut devenir chronique, affectant non seulement notre santé physique, mais aussi notre santé psychologique, y compris la fonction surrénalienne via l’axe HPA (hypothalamus-hypophysaire-surrénalien).

On entend souvent dire que « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », mais il serait plus juste de dire :

« Ce qui ne nous tue pas peut submerger notre réponse au stress et entraîner des symptômes de stress chronique, voire l’épuisement ».

Si vous lisez cet article, certains de ces symptômes pourraient vous sembler familiers et peuvent indiquer une fatigue surrénalienne. Voici quelques signes à considérer :

– Se sentir dépassé

– Fatigue persistante malgré un sommeil suffisant

– Difficultés à s’endormir ou à rester endormi

– Difficulté à se lever le matin

– Dépendance à la caféine

– Envies de nourriture salée ou sucrée

– Efforts accrus nécessaires pour les activités quotidiennes

– Intolérance à l’exercice

– Pression artérielle basse

– Sensation de faiblesse ou d’étourdissement en se levant rapidement

– Sursauter fréquemment

– Brouillard mental et difficultés de concentration

– Alternance entre diarrhée et constipation

– Faible taux de sucre dans le sang (hypoglycémie) et irritabilité

– Diminution de la libido

– Moins bonne capacité à gérer le stress

– Temps de guérison plus long

– Légère dépression

– Moins de plaisir dans la vie

– Sentiment de fatigue après avoir sauté des repas

– Aggravation du syndrome prémenstruel

– Diminution de la capacité à prendre des décisions

– Productivité réduite

– Mauvaise mémoire

Les origines des symptômes de stress chronique sont diverses, mais il est clair que le corps se dégrade de manière prévisible. J’ai constaté que le soutien des surrénales et principalement de l’axe HPA est essentiel pour une santé optimale.

Quel que soit le type de stress ressenti, les symptômes peuvent indiquer que des organes fondamentaux pour notre santé, notamment le système endocrinien, l’intestin et/ou le foie, sont affaiblis ou ne répondent plus correctement aux mécanismes endocriniens du stress.

Au fil de ma pratique, face à un public de plus en plus stressé et épuisé, mon approche a évolué pour se concentrer sur l’équilibre des surrénales, les voies biologiques communes impliquées dans différents types de stress dont l’axe HPA, des approches fonctionnelles visant à réduire ou éliminer la plupart des symptômes.

Après quelques semaines d’accompagnement, mes patients constatent souvent des améliorations significatives, comme :

– Meilleure régulation de la glycémie

– Meilleur contrôle des émotions

– Réduction de l’anxiété et sentiment de calme

– Sommeil plus réparateur

– Meilleure gestion du stress

– Équilibre hormonal rétabli

– Clarté mentale et concentration améliorées

– Meilleure énergie

– Relations interpersonnelles améliorées

À mesure que je poursuivais mes recherches, j’ai approfondi l’importance de la médecine fonctionnelle dans le soutien des surrénales, fondée sur des changements de mode de vie tels que :

  • La réduction de la caféine,
  • Une alimentation équilibrée,
  • Un sommeil adéquat,
  • La gestion de la santé intestinale et de l’inflammation.

Cette méthode inclut l’utilisation de plantes adaptogènes qui renforcent la résilience de l’organisme face au stress, ainsi que la régulation des deux hormones surrénaliennes les plus cruciales : Le cortisol et la DHEA.

Par exemple, la réglisse peut augmenter le cortisol, tandis que la phosphatidylsérine peut aider à le réduire.

La santé thyroïdienne

De nombreux problèmes d’hormones thyroïdiennes coïncident avec des dysfonctionnements surrénaliens. Un bon nombre de mes patients ont une hypothyroïdie infraclinique ou fruste avec une élévation de la TSH soit au-delà de 2mU/L (optimale santé <2mU/L en médecine fonctionnelle) mais des concentrations normales de thyroxine libre (T4). Ils ne présentent pas ou peu de symptôme d’hypothyroïdie.

Parmi les symptômes, on note : un ralentissement physique et psychique, une asthénie, des crampes, une frilosité, une constipation, une prise de poids modeste et/ou de la somnolence.

Biologie fonctionnelle et préventive

L’évaluation des symptômes et des tests hormonaux (cortisol, DHEA, etc.) à travers la salive ou les urines peuvent révéler des déséquilibres, nécessitant une attention particulière.

Des changements de mode de vie et des suppléments peuvent être requis sur une période de trois mois ou plus pour alléger les symptômes et favoriser un regain d’énergie et de bien-être.

Anatomie physiologie

La glande surrénale, souvent appelée la « glande du stress », est un petit organe en forme de triangle situé au-dessus de chaque rein. Elles produisent des hormones vitales pour notre corps, notamment le cortisol qui intervient dans la gestion de tout type de stress. (Infection, accident, conflits etc.)

La capacité à gérer le stress est essentielle pour notre survie. Ces glandes sont composées de deux zones distinctes :

  • La médulla qui sécrète des hormones telles que l’adrénaline et la noradrénaline en réponse à un stress immédiat
  • Le cortex produit des hormones dérivées du cholestérol, notamment le cortisol et la DHEA.

Une question courante est : pourquoi certains médecins ne croient-ils pas à la fatigue surrénalienne ?

La plupart des professionnels de santé de la médecine conventionnelle ne considèrent pas la fatigue ou l’insuffisance surrénalienne comme une condition médicale reconnue. Vous avez certainement entendu : « Bougez-vous, faites du sport, vous n’avez rien… » !

Cependant, des experts en médecine fonctionnelle, intégrative et les naturopathes valident son existence.

Ils expliquent son développement et proposent des solutions pour y remédier. Ils utilisent le terme « fatigue ou insuffisance surrénalienne » pour décrire un ensemble de symptômes qu’ils attribuent à un dysfonctionnement de l’axe HPA ou insuffisance des glandes surrénales qui produisent notamment le cortisol avec entre autres l’adrénaline, la DHEA etc.

Autres diagnostics à écarter dans la prise en charge de la fatigue surrénalienne :

  • Des troubles psychiques de l’adaptation : Plaintes somatiques, perturbations émotionnelles, altérations de l’activité sociale, circonstances éprouvantes (conflit professionnel ou conjugal, deuil, séparation etc).
  • L’insuffisance surrénalienne : Syndrome provoqué par la décompensation d’une maladie d’Addison soit par majoration d’un déficit en ACTH.
  • Syndrome de Cushing : Traitement de l’affection causale (adénome hypophysaire, tumeur surrénalienne etc.) Manifestation mentale tardives, anxiodépressive, résistance aux IRS)

L’axe hypothalamo-hypophysaire-surrénalien

En réponse aux signaux externes, le système endocrinien via le l’hypothalamus, joue un rôle crucial en contrôlant la libération d’hormones par l’hypophyse.

Les glandes surrénales reçoivent bien les ordres du cerveau !

L’axe HPA est un système complexe. Il déclenche notamment la production de l’hormone du stress – le cortisol via la CRH qui stimule la libération d’ACTH à partir des neurones de l’hypophyse. L’ACTH atteindra les glandes surrénales qui vont à leur tour stimuler la libération de cortisol.

Des niveaux de cortisol élevés et prolongés nuisent à notre organisme.

Pour éviter ce cercle vicieux, notre organisme inhibe la production de CRH et ACTH.

L’activation aigüe de l’axe HPA est fondamentale pour la réponse « Fight or flight » réponse (Combat/fuite).

Elle permet de mobiliser un maximum d’énergie via le cortisol, l’adrénaline et la noradrénaline :

  • Suspension des fonctions non urgentes comme la digestion et les réponses immunitaires (D’où la fragilité immunitaire et troubles digestifs des personnes stressées)
  • Libération de glucose comme source d’énergie, (Il faut bien prendre ses jambes à son cou !)
  • Augmentation de la fréquence respiratoire et cardiaque, (Où est le danger, vasodilatation des pupilles)
  • Diminution de la fatigue pour une réponse combat/fuite optimale etc. (Energie pour fuir)

En revanche, son activation chronique ou prolongée comme lors d’une inflammation ou d’un stress chronique, conduit à l’hypo-fonctionnalité de l’axe HPA et donc à des effets opposés

L’axe HPA désensibilisé est associé à une fatigue marquée

Dans cet état, l’axe HPA n’est plus capable de répondre à une nouvelle stimulation (qui aurait conduit à la production de glucocorticoïdes – cortisol).

Ce déficit joue un rôle-clé, notamment dans la physiopathologie des troubles liés au stress[1].

Il est crucial de retenir que ce que vous ressentez est réel, de même que vos symptômes.

Cette condition est souvent décrite comme un dysfonctionnement de l’axe HPA (hypothalamo-hypophysaire-surrénalien) et peut entraîner une réponse au stress altérée, pouvant aller jusqu’à l’hypocortisolémie à un stade avancé. (Dans ce cas, certaines patientes répondent bien au traitement d’hydrocortisone avec un suivi médicalisé).

Des modifications de votre mode de vie, visant à réduire le stress chronique et à soutenir l’axe HPA, peuvent considérablement améliorer votre bien-être.

Et vous, que ressentez-vous ?

Vous êtes probablement fatigué(e) d’être constamment épuisée, de tourner en rond et de dépenser de l’argent sans véritable amélioration.

Mon expérience ?

J’ai moi-même vécu cette situation en tant que professionnel de la santé et aidant familial d’un membre de ma famille en fin de vie. J’ai lutté longtemps contre la fatigue, l’irritabilité, l’anxiété, l’hyperactivité, les troubles cutanés aux troubles de la concentration et du transit. Je me retrouvais souvent à m’effondrer sur mon canapé après le travail, trop épuisée pour faire quoi que ce soit d’autre que regarder le plafond.

Même si des « cannes temporaires » (médicaments) m’ont quelque peu aidé à garder la tête hors de l’eau, une remise en cause de mon hygiène de vie, de ma santé digestive et intestinale, de la gestion de mon stress et de la prise en charge de mes traumatismes a été primordial pour m’aider à passer le cap.

Il existe quatre grandes catégories de stress qui peuvent altérer vos surrénales :

  • Inflammation : Les aliments transformés, les sensibilités alimentaires, la dysbiose intestinale, les infections et des facteurs comme la pollution, le surentraînement, le surpoids et l’apnée du sommeil en sont des causes fréquentes.
  • Déséquilibres du rythme circadien : Un sommeil perturbé est un facteur clé qui impacte le bien-être.
  • Déséquilibres nutritionnels : Les carences en nutriments essentiels, comme le fer, les acides gras bénéfiques (Oméga 3), certaines vitamines ainsi qu’un régime restrictif ou une hyperglycémie, peuvent affecter la santé des surrénales.
  • Stress psychologique : Des expériences traumatiques non résolues entraînent souvent une réaction hyperactive de “combat ou fuite”, nous poussant à fonctionner alors que notre corps a besoin de repos et de guérison.

NB : Les traumatismes de l’enfance peuvent influencer durablement notre équilibre hormonal à l’âge adulte

Bien que certaines expériences puissent sembler révolues, notre corps s’en souvient et tente de nous protéger. Si ces traumatismes restent non résolus, ils peuvent entraver notre capacité à guérir, même avec des changements de mode de vie.

Lorsqu’on est coincé dans cette réponse de survie, notre corps continue de se sentir menacé.

La bonne nouvelle est qu’il existe de nombreuses thérapies efficaces pour vous aider à guérir et à retrouver votre santé.

Pour équilibrer votre réponse au stress et soutenir vos surrénales, concentrez-vous sur les éléments suivants :

  • Équilibrer la glycémie
  • Réduire l’inflammation
  • Reconstituer les nutriments en carence
  • Restaurer l’équilibre du rythme circadien
  • Soutenir la fonction mitochondriale (usine énergétique cellulaire !)
  • Gérer le stress mental et émotionnel (EMDR, résolution émotionnelle etc)
  • Renforcer votre résilience, en lâchant prise sur ce qui vous pèse et en acquérant des outils pour mieux vous rétablir. (Coaching de vie et outils pertinents)

Prenez des mesures pour harmoniser ces aspects et vous serez sur la voie de l’amélioration et du bien-être.

Laurence Fuhrmann – Prise de rdv

[1] Alain Trautmann, Mécanismes sous-jacents à la fatigue chronique, un symptômes trop souvent négligé. MED SCI Paris, 2021 ; 37 : 1047-1054