Le sulforaphane, une molécule qui mérite toute notre attention.
Nous vivons à une époque où la médecine moderne est fortement axée ; entre autre ; sur le soulagement des symptômes avec des produits pharmaceutiques, offrant de nombreuses solutions pour répondre à cette demande. Cependant, il devient de plus en plus évident que ces produits n’apportent généralement qu’un soulagement symptomatique de courte durée et pour des pathologies qui sont responsables d’un bon nombre d’inconforts ou de troubles rapportés en consultation.
Des solutions plus naturelles ?
Ainsi, de nombreux patients se tournent vers des solutions plus naturelles, susceptibles de cibler les causes fondamentales des maladies. Ces agents dits naturels sont d’importants régulateurs de processus pathologiques, y compris le cancer, avec des rôles oncogène ou suppresseur de tumeur[1] tels que :
- l’épigallocatéchine gallate (EGCG) du thé vert,
- la Génistéine,
- les flavonoïdes,
- la curcumine etc.
Les composés phytochimiques (contenus dans ces plantes) peuvent influencer les processus de défense cellulaire “endogène” avec une action pertinente dans la prévention et le traitement des maladies.
La médecine allopathique et pharmaceutique s’est historiquement tournée vers les plantes comme sources de matières premières pour le développement de médicaments ; ces derniers étant généralement assez différents de ce que peut offrir le Totum d’une plante.
Cependant, l’objectif de la nutrithérapie est de conserver la plante bioactive aussi près que possible de son état d’origine pour induire une réponse thérapeutique significative.
Aujourd’hui, je vais vous parler principalement d’une molécule dont les propriétés ont fait l’objet de nombreuses études ces dernières années :
Le Sulforaphane (SFN).
Selon des études, Le SFN apparaît comme une plante avec une biodisponibilité relativement élevée comparé à des polyphénols présentant une faible biodisponibilité. Il est identifié comme une molécule capable de réduire l’inflammation. (Scientifiquement parlant : SFN inhibe la liaison entre LPS-TLR4)[2], et aux pouvoirs antioxydants remarquables.
Le Sulforaphane dans le corps ?
C’est un composé sulfuré du groupe des isothiocyanates que l’on trouve dans les légumes crucifères, comme les choux de Bruxelles, le chou-fleur et en plus forte concentration dans le brocoli.
Nous ne pouvons pas obtenir directement le sulforaphane du brocoli :
La Glucoraphanine, son précurseur, doit tout d’abord être décomposé en sulforaphane grâce à une enzyme, la Myronisase, qui est activée en mastiquant ou en mâchant généreusement ses crucifères !
Certaines bactéries intestinales produisent également cette enzyme (Myrosinase) afin de métaboliser dans l’intestin la glucoraphanine contenue dans les crucifères en sulforaphane.
Les particularités du Sulforaphane ?
- Action sur les pathologies neurodégénératives :
La plus part des maladies neurodégénératives aigües et chroniques, y compris les lésions traumatiques cérébrales, la maladie d’Alzheimer, la SEP et la maladie de Parkinson partagent des caractéristiques communes telles que le stress oxydant, l’inflammation et la dégénérescence neuronale.
Le Sulforaphane a démontré des effets neuroprotecteurs dans de nombreuses études. [3] Il a la capacité de traverser la Barrière Hémato-Encéphalique (BHE) et réduirait la neuro-inflammation.
- Action sur la santé hépatique/foie :
Le SFN induirait l’expression d’enzymes de phase 2 dans la détoxification hépatique comme la glutathion-S-Transférase et la glucuronosyltransférase, et participerait à l’élimination des xénobiotiques ou polluants exogènes.
Maintenir un niveau élevé de glutathion est essentiel pour promouvoir une santé optimale.
- Action sur l’inflammation :
Le SFN diminue la production de molécule (Cytokines) pro-inflammatoires.
- Action sur le syndrome prémenstruel :
La dominance oestrogénique est un déséquilibre hormonal qui se produit entre les niveaux d’oestrogènes et de progestérone. Ce déséquilibre peut entraîner des symptômes plus ou moins gênants tels que ballonnements, irritabilité, anxiété, douleurs, saignements abondants etc. La prédominance oestrogénique peut conduire à d’autres pathologies tels que les fibromes, l’endométriose, le SOPK et les cancers hormonodépendants.
Comme vu dans le paragraphe précédent, la détox hépatique est un processus complexe. D’un point de vue diététique, les légumes crucifères ont démontré leurs effets sur les deux étapes de la détoxification hépatique, étapes importantes dans le rééquilibrage d’un excès d’oestrogènes.
La consommation de brocoli et de légumes verts (radis, chou frisé, navets, chou vert, chou-fleur, Kale) vous permet d’augmenter votre apport en SFN et donc d’optimiser la réduction du taux d’oestrogènes. Une autre molécule contenue dans le brocoli, le “DIM” que nous verrons plus bas, offre de puissants effets sur le métabolisme des œstrogènes (maintient un niveau équilibré d’œstrogène dans le corps et réduit ses effets parfois délétères).
Le sulforaphane (SFN) n’est qu’un élément positif du puzzle ! La fonction digestive doit être optimale en débutant par une bonne mastication. Si vous souffrez de dysbiose (ballonnements, constipation, diarrhée, flatulence, colopathie fonctionnelle etc.), les métabolites des oestrogènes éliminés par le foie auront du mal à être excrétés via la bile et les selles.
Où trouver du SFN ?
- Les germes de brocoli contiendraient la source la plus concentrée de SFN. La germination de graines de Brocoli augmente la valeur nutritionnelle et la meilleure source de glucoraphanine soit beaucoup plus de Sulforaphane ! Pour cela ; si vous êtes patients ; munissez-vous d’un plateau de germination et de graines de brocoli. Penser à rincer régulièrement les graines et réfrigérer une fois germées.
- Augmenter votre consommation de brocoli qui soit dit en passant diminue les risques de cancer hormonaux dépendants tels que le cancer du sein[4]. La consommation quotidienne de brocoli (100 gr) apporte également d’autres composés tels que l’Indole-3-Carbinol (I3C) et en particulier l’un de ses métabolites (le di-indolyl méthane ou DMI), une phytohormone aux propriétés anti-cancéreuses[5]. A défaut d’un apport quotidien, la consommation de brocoli au moins 2 à 3 fois par semaine peut faire une belle différence !
- La supplémentation est une option qui permet de connaitre exactement la quantité de glucoraphanine biodisponible. De nombreux laboratoires proposent des compléments riches en sulforaphane, DIM ou Indole-3-Carbinol. Renseignez-vous auprès de votre thérapeute.
Conclusion :
Que ce soit à la recherche de ses propriétés anti-âge ou antioxydantes, pour diminuer l’inflammation ou vos troubles prémenstruels etc. Vous connaissez maintenant les moyens d’introduire dans votre alimentation des choux, des crucifères ou tout particulièrement de jeunes pousses de brocoli pour les propriétés étonnantes du SFN sur votre santé.
De nombreuses études démontrent l’intérêt du glutathion, un antioxydant majeur et les possibilités d’augmenter cette molécule grâce à la consommation d’aliment riche en SFN.
Privilégiez des choux biologiques ! La sélection et la préparation optimale des crucifères influent sur la quantité de glucosinolates donc de SFN. Le blanchiment des légumes ou la cuisson à basse température permettent une bonne conservation de leurs nutriments essentiels.
Et à défaut « d’être dans les choux », laissez « Germer » vos choux et profitez de leurs vertus surtout celle du Sulforaphane !
Laurence Fuhrmann – DUE Micronutrition, alimentation, prévention et santé
[1] Liviuata BUdisan, Diana Gulei, Oana M Zanoaga, Dietary Interventation by Phytochemicals and their Role in Modulating Coding and Non-coding Genes in Cancer ; INT J Mol Sci. 2017 Jun 1 ; 18(6) :1178.
[2] Christine A. Houghton, Sulforaphane : Its « Coming of Age » as a Clinically Relevant Nutraceutical in the Prevention and Treatment of Chronic Disease. Oxid Med Cell Longev. 2019 ; 2716870
[3] Andrea Tarozzi, Cristina Angeloni, Marco Malaguti. Sulforaphane as a Potential protective Phytochemical agaisnt Neurodegenerative Diseases ; Oxid Med Cell Longev.2013 ;2013 :415078
[4] Nicole Johnson, Sulforaphane halts breast cancer Cell Growth, Drug Discov Today. 2004 Nov 1 ;9(21) :908.
[5] Ella Katz, Sophia Nisani, Daniel Chamovitz. Indole-3-Carbinol : A plant Hormone combatting cancer